L'AU participera d'un saut évolutif vers un nouveau paradigme sociétal
Dans le chapitre d'introduction nous avons dit que l'instauration de l'AU pourrait également permettre de (i) neutraliser l'effet de trappe à inactivité ; (ii) simplifier le système fiscal et de sécurité sociale; (iii) égaliser le statut des indépendants avec celui des salariés, (iv) déstigmatiser les ayants droits à l'aide sociale, (v) résoudre la problématique du chômage et des pensions, (vi) limiter les écarts de richesse.
Nous allons ici approfondir certains de ces effets, et développer une série d'effets indirects positifs attribués à l'AU. Concernant les effets anticipés négatifs voir l'article "Critiques".
De nombreux faits suggèrent que les éventuels effets négatifs de l'AU telle que définie par nous devraient être balayés par le nombre et l'ampleur des effets positifs.
La résistance psychique qui freine sa réalisation s'explique selon nous par le fait que l'AU participe d'un changement de paradigme sociétal : les pouvoirs financier et politique étant étroitement intriqués, il en va de même pour leur partage. Cependant sa réalisation fait peu de doute car elle s'inscrit dans le sens du progrès. La plupart des innovations se réalisent au travers d'un cycle de trois phases : d'abord elle sont jugées absurdes, ensuite dangereuses, et enfin évidentes.
Pour terminer cette introduction, la lectrice est invitée à visionner cette courte vidéo retraçant l'évolution du marché de l'emploi depuis les années 1980.
25 ans d'évolution de l'emploi : les 5 grandes mutations (4m31s - 2012)
Avant d'évoquer les justifications utilitaristes (économiques, écologiques, sociales, ...) de l'AU il est utile de mentionner les arguments d'ordre moral qui ont conduit à l'idée d'AU.
Les ressources naturelles appropriées par des particuliers n'ayant pas été créées par leur travail, cette appropriation privée est asociale et immorale (il en est évidemment de même pour le transfert de ces propriétés, que ce soit par héritage ou vente). Une solution pour résoudre cette injustice est de limiter le droit de propriété privée aux seuls biens nécessaires à un individu pour sa reproduction (un terrain, une maison, des outils, ...), tout le reste étant propriété publique. C'est le principe du communisme. Une solution alternative, ou complémentaire, consiste à maintenir les écarts de richesses dans une limite qui ne mette pas en péril la démocratie et la cohésion sociale, tout en préservant au mieux la possibilité pour chaque individu de s'enrichir matériellement par son travail (cf. #ecart-richesse-optimal).
La fortune de certains est le fruit de malversations (escroqueries, vols, corruption, ...) au détriment de tiers. Or le meilleur des systèmes judiciaires ne pourra jamais être parfait, de sorte qu'une partie des injustices n'ont été, ne sont et ne seront jamais réparées. Par conséquent, l'AU se justifie pleinement comme compensation de l'imperfection judiciaire.
Une autre justification est « l'arbitraire naturel », à savoir le fait que nombreux sont ceux qui ont raté leur projet de vie, non pas par paresse ou incompétence, mais par malchance (maladie, accident, agression, vol, ...). Bien sûr la paresse et l'incompétence sont une réalité, tout comme le courage et la compétence. Mais il est extrêmement difficile de faire la part des choses :
Le statut de chômeur n'incite pas à créer sa propre entreprise, contrairement à l'AU qui est inconditionnelle.
Nombreux sont les citoyens – chômeurs ou salariés – qui rêvent de lancer leur propre entreprise, mais n'y arrivent pas faute de temps disponible et d'un capital de départ suffisant.
Il serait intéressant d'étudier de près le background familial des grands créateurs d'entreprises. Ainsi qu'en est-il du soutient financier apporté par leur famille ? Parmi ceux qui ont "fait fortune" quel pourcentage représente ceux dont la famille était déjà fortunée AVANT la création de l'entreprise ? (et c'est sans parler du réseau relationnel, notamment avec les banques et les décideurs politiques, qui constitue un autre élément important du patrimoine familial). S'il s'avère que ce pourcentage n'est pas très éloigné de 100%, quel sens prennent alors les encouragements faits à tous les jeunes de créer leur propre entreprise, en l'absence d'une AU permettant de vivre (chichement) sans devoir travailler ?
C'est qu'il est extrêmement difficile de concrétiser un projet d'entreprise lorsqu'il faut en outre travailler 35 heures par semaine pour assurer les besoins élémentaires (logement, nourriture, vêtements, ...). On comprend alors l'énorme avantage qu'il y a de bénéficier d'un revenu garanti permettant de consacrer pendant plusieurs années la totalité de son temps de travail à un projet d'entreprise. Cela est d'autant plus évident alors que les biographies d'entrepreneurs célèbres révèlent généralement plusieurs tentatives préalables infructueuses. Ainsi 90% des start-ups font faillite, et cela dans les 5 premières années [source].
Ces faillites représentent certes autant d'expériences qui accroissent les compétences de l'entrepreneur pour une nouvelle tentative de création d'entreprise. Mais les conséquences judiciaires et financières peuvent être d'une telle ampleur que de nombreux entrepreneurs qui n'ont d'autres ressources que leur travail ne pourront plus retenter l'expérience. Or, à cet égard, les individus qui disposaient déjà d'un capital hérité leur permettant de vivre sans devoir travailler sont énormément avantagés. En 2017, selon Capgemini, 629.000 français (soit 1% de la population) détenaient une fortune personnelle supérieure à 850.000 euros (≈ 1.400 x 12 x 50), hors résidence principale, objets d'art et biens courants [source], ce qui à un taux d'intérêt de 1 %/an rapporte 700 euros/mois.
Bien sûr il y a des pauvres qui se sont enrichis par leur seul travail. Mais quel pourcentage de la population représentent ces cas, après en avoir retiré les surdoués aux capacités de travail intellectuel et physique exceptionnelles, ainsi que ceux qui ont eu recours à des méthodes illégales ?
Ainsi Jean Tirole, prix Nobel d'économie 2014, reconnaît que « nous ne savons pas grand chose empiriquement sur le lien entre mérite et réussite économique » [source p. 88].
C'est pourquoi une allocation universelle, telle que définie par nous, devrait avoir un effet considérable sur la création d'entreprises. Ainsi en Namibie, un système d'AU fut expérimenté en 2008-2009 (bignam.org) : 930 villageois ont pu bénéficier d’un revenu de base mensuel représentant environ la moitié du revenu moyen. A l'issue de l'expérience on aurait constaté une augmentation de 300% des auto-entreprises et une baisse du chômage de plus de 60% [source].
Selon le sociologue états-unien Erik Olin Wright, l'allocation universelle trouve ses bases dans l'asymétrie fondamentale opposant dans la société capitaliste, la classe des capitalistes d'une part qui contrôle la monnaie et les moyens de production, et d'autre part les travailleurs qui doivent entrer sur le marché du travail et rechercher un emploi afin d'acquérir les moyens de vivre. C'est la raison pour laquelle les travailleurs doivent vendre leur force de travail afin de vivre et sont donc, en dernière analyse, contraints d'accepter des termes de l'échange et des conditions de travail qu'ils auraient refusé s'ils avaient eu un véritable choix. A cet égard, l'allocation universelle est le moyen de rééquilibrer les rapports de force au sein des classes sociales [source].
Dans le système actuel nombreux sont les salariés et indépendants qui voudraient se former mais ne le peuvent soit par manque de temps (il doivent absolument travailler pour obtenir un revenu), soit parce que leur employeur ne propose pas de formation. L'AU permet de faire une pause carrière consacrée à un formation dans un domaine d'autant plus motivant qu'il est choisi librement par l'individu. Enfin dans les pays en développement nombreux sont les enfants qui travaillent – plutôt que d'aller à l'école – sans quoi les revenus de la famille seraient encore plus insuffisants. L'AU pourrait donc globalement favoriser la scolarité.
Environ 15 % des Français et des Belges vivent avec moins de 1.000 euros par mois (2015). Dans ces conditions il est très difficile de socialiser [source]. Le montant de notre AU est de 1600 euros/mois (2023).
Fait méconnu du grande public, dans la plupart des pays de l'OCDE, les systèmes d’aide sociale font face à un taux de non-recours supérieur à 40 % ! En 2004, le taux de recours à l’assistance sociale et aux prestations sociales liées au logement variait entre 40 et 80 % et celui des prestations liées à l’emploi entre 60 et 80 % [source].
En raison de son octroi inconditionnel et automatique, l'AU aurait pour effet de neutraliser le non-recours à l'assistance sociale.
En raison de son caractère inconditionnel et automatique, l'AU neutralise l'effet de "trappe à inactivité".
Il y a effet de "trappe à inactivité/chômage/pauvreté" lorsqu'une personne en situation précaire (allocataire du chômage ou du RMG, travailleur déclassé) n'est pas incité à travailler plus parce qu'il estime (à tort ou à raison) qu'il en résulterait une baisse globale de l'ensemble de ses revenus monétaires (allocations & revenus professionnels, diminués des impôts et frais liés à l'activité) et non monétaires (temps libre, reconnaissance sociale, quantité et qualité du réseau relationnel, opportunité de développement de ses capacités, opportunité de carrière professionnelle, ...) [cf. /securite-sociale-actuelle#trappe-inactivite].
Entre 2006 et 2012 (France) le revenu moyen des indépendants a baissé de 15% ! N'est-il pas injuste que les petits indépendants ne bénéficient pas de la même couverture sociale que les salariés. En remplaçant l'actuel système de sécurité sociale par l'AU on met tout le monde à égalité (cf. Chapitre "Définition").
Ubérisation et précarisation de l'auto-entreprenariat (1m39s - 2017)
Les nouveaux territoires du salariat et du travail indépendant (7m28s - 2016)
Le système de la pension légale tend à décourager l'activité de personnes pourtant très utiles à la société de par leur longue expérience [source]. Quant au recul de l'âge de la retraite au-delà de l'espérance de vie en bonne santé (66 chez les femmes, 64 chez les hommes, 2020, source), c'est une grave régression sociale. Le véritable progrès social c'est l'AU, qui rend complètement obsolète le principe même de la retraite légale.
Il y a aussi la problématique du financement des pensions. Actuellement les pensions sont financées essentiellement par répartition des revenus du travail – les cotisations des actifs sont transférées aux retraités [wikipedia] – ce qui requiert, si l'on veut maintenir le niveau des pensions, d'augmenter d'autant plus le taux de cotisation que le ratio de dépendance démographique (population à l'âge de la retraite / population en âge de travailler) augmente plus vite que la productivité du travail [En 1945 le ratio de dépendance était de quinze cotisants pour un retraité, en 1980 il n'était plus que de quatre, et on estime qu'en 2050 il sera d'environ 1,25 – approfondir].
Un système d'AU garantissant aux individus le financement de leurs besoins primaires pourrait donc s'avérer une adaptation rationnelle du système de sécurité sociale à l'augmentation de la durée de vie (et d'un chômage structurel induit par l'intelligence artificielle).
Le bénévolat est réalisé à 90% via le milieu associatif. En France (2010) environ 7% de la population, soit 4,5 millions de personnes, y consacreraient 4 à 5 heures par semaine [source].
Le bénévolat est concentré dans des activités fondamentales pour le bonheur et la productivité des individus :
NB : il ne s'agit pas de la pratique du sport mais de services rendant possible cette activité par d'autres.
La valorisation de ces activités fondamentales, par l'AU, pourrait avoir pour effet d'augmenter le nombre des bénévoles ainsi que des heures prestées par individus. L'effet sur la productivité du travail pourrait donc être substantiel, aussi bien pour toutes les personnes bénéficiant de ces services qu'aux bénévoles eux-même (expérience).
À noter enfin qu'en matière de valorisation du bénévolat, la doctrine comptable propose diverses méthodes : coût horaire du SMIC, valeur de remplacement (évaluation forfaitaire du coût d’une solution de remplacement résultant du recours à une prestation facturée – salariat, location, sous-traitance...), référence à une grille de salaires.
Jusqu'au 19° siècle une partie importante du travail féminin concernait les “tâches domestiques” (cuisiner, laver, coudre, s'occuper des enfants et des vieux parents, ...). L'industrialisation du 19° siècle, puis le développement du secteur tertiaire (les services) au 20° siècle eurent pour effet de pousser la majorité des femmes vers le salariat. Ce phénomène fut largement encouragé par le patronat pour qui l'accession des femmes au “marché du travail” (sic) permit d'y accroître la concurrence et d'ainsi freiner les hausses de salaire.
D'autre part, la consommation augmentant notamment sous l'effet du conditionnement publicitaire, un seul salaire ne suffisait plus pour financer les nouveaux “besoins” d'une famille moderne, ce qui a poussé encore plus de femmes sur le marché du travail.
L’appareil d’État (médias, enseignants, associations subsidiées, ...) présenta ce phénomène comme une évolution positive car participant à “l'émancipation féminine” par rapport au mari. En réalité la dépendance des femmes au mari (*) fut remplacée par la dépendance à un employeur, et cela pour un travail pas nécessairement plus gratifiant et socialement utile que la gestion du ménage. Quant à la socialisation professionnelle elle s'est substituée à la socialisation de voisinage, ce qui n'est pas nécessairement un progrès.
(*) Qui était essentiellement le fait de la minorité des plus riches, car dans le reste de la population, essentiellement agricole, la relation femme-homme relevait plus de la collaboration que de la domination.
On se rend alors compte qu'une véritable émancipation consisterait en une allocation universelle (NB : du moins celle du modèle synthétique), garantissant la liberté de choix de ses activités par l'individu, et reconnaissant l'importance de la fonction de gestionnaire de ménage, assumée librement par l'homme ou/et la femme.
L'on sait aujourd'hui que de nombreuses maladies propres aux pays développés sont causées par l'alimentation industrielle. Tous les nutritionnistes reconnaissent que les aliments les plus sains sont ceux que l'on prépare soi-même. Or préparer des repas variés et composés d'aliments frais exige du temps ainsi que du savoir-faire. Étant donné que les dépenses de santé sont le premier facteur de hausse des dettes publiques on se rend compte à quel point cette fonction nourricière dans la gestion du ménage est primordiale. Une autre fonction importante est la collaboration avec les parents et voisins âgés. Mais ceux-ci sont de plus en plus délaissés par des enfants et voisins absorbés par la vie professionnelle, soumise à une compétition toujours croissante.
En conclusion, ne serait-il pas judicieux de bannir l'expression “femme/homme au foyer”, de lui substituer celle de “gestionnaire de ménage”, et que cette fonction puisse être renforcée par une formation spécifique de l’enseignement supérieur ? Le cursus pourrait en être aussi passionnant que pratique : comptabilité, droit, informatique, nutrition, soins de santé, psychologie, techniques de base de l’habitat (électricité, plomberie, maçonnerie, menuiserie, ...), etc. En outre ce type de profil ne serait-il pas très demandé par les entreprises du secteur marchand, de plus en plus à la recherche de personnes capables de s'adapter ?
Rappelons enfin que ce n'est pas l'école qui est obligatoire mais l'instruction, laquelle peut être prise en charge par un parent ... (instruction à domicile).
Voir philosophie.jortay.net/travail-libre
Notre AU, d'un montant de 1600 euros/mois (2023, dans des pays comme la France ou la Belgique), aura inévitablement pour effet d'augmenter le pouvoir de négociation des salariés [approfondir], et d'accélérer la baisse du temps de travail [approfondir].
L'AU telle que définie par nous implique une limitation relative des écarts de richesse, c'est le principe d'écart de richesse optimal (cf. /limiter-ecarts-richesse#ecart-richesse-optimal.
Le meilleur partage du temps de travail induit par l'AU permettra à ceux qui le souhaitent de consacrer plus de temps au travail politique (par opposition au travail économique), et donc de participer au processus de gouvernance démocratique. Or plus une démocratie est directe, plus faibles sont les dépenses publiques injustifiées.
D'autre part notre AU, d'un montant de 1600 euros/mois (2023, dans des pays comme la France ou la Belgique), aura pour effet de réduire la criminalité.
Dans les pays bénéficiant des systèmes de sécurité sociale les plus développés (France, Belgique, ...) les dépressions économiques y sont d'une ampleur nettement inférieure en raison de l'effet de soutien de la demande intérieure induit par le mécanisme de sécurité sociale.
Si la Banque centrale était nationalisée, et l'État réellement démocratique, celui-ci pourrait alors décider de fournir l'économie en monnaie non plus via les banques commerciales mais directement via les citoyens en répartissant également entre eux la monnaie qu'elle créerait en la versant sur leur compte bancaire (financement distributif, soit 12 % de l'AU). On se rend compte que cette méthode est bien plus rationnelle que de laisser les banques décider à quelles entreprises il faut accorder des crédits pour financer leurs investissements. Qui sait mieux que chaque individu ce qui est préférable pour lui-même ? Ce sont les citoyens – clients ultimes de toute économie – qui par leurs modifications d'achats sont les mieux à même d'indiquer aux entreprises (privées comme publiques) à quels types d'investissements elles doivent consacrer leurs bénéfices.
Ainsi la structure productive de nos économies serait bien plus efficace car développée, non plus en fonction des intérêts de cette infime minorité de la population que sont les actionnaires majoritaires des banques, mais bien en fonction des besoins de la majorité de la population. Il en résulterait une meilleure adéquation de l'offre à la demande de biens et services, et par conséquent une plus grande stabilité économique.
L'AU se substituera à une partie des crédits vendus par les banques aux particuliers (essentiellement crédit à la consommation et crédit hypothécaire). Or l'offre de crédits étant traditionnellement très instable selon les intérêts particuliers des banques privées, la diminution de la part de monnaie créée sous forme de crédits réduira d'autant cette capacité de nuisance des banques (cf. les stratégies spéculatives de maximisation du profit à court terme, qui ont provoqué la crise de 2008, dite des "subprimes").
Évitement fiscal. L'incroyable complexité du système fiscal est une des causes de la faiblesse des recettes fiscales effectives par rapport aux recettes théoriques car cette complexité est exploitée par les conseillers fiscaux des grandes sociétés et fortunes privées pour échapper "légalement" à l'impôt. Or les liens étroits entre systèmes fiscal et de sécurité sociale auront pour effet que la simplification de celui-ci se propagera à celui-là (approfondir : /financement-redistributif#reforme-fiscale).
Travail en noir. Une partie des chômeurs travaillent comme indépendants ou salariés sans déclarer leur revenu, non pas pour échapper à l'impôt par principe, mais parce qu'ils n'ont pas d'autre alternative pour financer leur ménage. S'ils déclarent leurs revenus ils perdent le droit aux allocations de chômage. Or en remplaçant celles-ci par l'AU – qui est inconditionnelle – on supprimerait cette incitation au travail non déclaré.
Selon Marc de Basquiat « le pari de la transparence et de l'universalité des règles fiscales et sociales est à la base du consentement à l’impôt. On contribue plus volontiers à un programme compréhensible qu’à un "machin" flou qu’on suspecte d’alimenter des avantages particuliers dont on est exclu ».
Avec une AU permettant à chaque citoyen de financer ses besoins primaires sans devoir travailler le principe de garantie (officielle ou officieuse) de l'emploi des fonctionnaires pourrait être abandonné. Cela permettra aux institutions publiques de gagner en efficacité et de réduire leurs dépenses grâce à la diminution progressive du nombre de fonctionnaires inutiles (parce que surnuméraires, insuffisamment qualifiés ou non motivés).
Ce même principe vaut pour les secteurs économiques en voie de réduction/disparition structurelle (comme ce fut le cas de la sidérurgie). Le cas du secteur agricole européen en est un contre-exemple éloquent. Pour soutenir les agriculteurs les États de l'UE les soutiennent par des droit de douane à l'import, subsides à l'export et prix garantis. Or ces aides (i) bénéficient pour 75% aux 25% des entreprises agricoles les plus riches (c-à-d les plus grandes), et (ii) sont préjudiciables au reste des citoyens via des impôts et des prix élevés [source]. On notera que notre AU stimulera l'offre locale de produits agricoles.
Pays en développement. Au delà d'un certain niveau, le taux de natalité peut freiner le développement économique et social. C'est généralement le cas des pays les moins développés. Or il se fait que le taux de natalité diminue lorsque les femmes acquièrent l'indépendance financière, ce à quoi contribuerait considérablement l'AU (diverses expérimentations présentées dans l'article "Application" montrent que les revenus procurés par l'AU sont généralement utilisés pour créer des micro-entreprises).
Pays développés. Dans les pays développés la problématique est inversée. Le taux de natalité est descendu en-dessous du niveau de reproduction de sorte que la population vieillit et diminue (toute autre chose étant égale, dont l'immigration). Or il ressort d'expériences réalisées en Amérique du nord dans les années 1960 et 1970 que dans ce type de situation l'effet de l'AU est également inversé : les mères isolées réduisent leur temps de travail pour se consacrer à leurs enfants [source].
Ces effets différentiés de l'AU entre les deux groupes de pays fait donc de l'AU une stratégie alternative aux flux migratoires, comme facteurs "push" et "pull" d'équilibrage démographique. Enfin concernant les flux migratoires intranationaux, l'AU induira des transferts importants des régions riches vers les régions les plus pauvres, ce qui devrait participer à repeupler les campagnes et désengorger les régions urbaines.
La diminution de la variété des espèces animales et végétales et le réchauffement climatique suggèrent que le capitalisme (d'État ou de marché) est incompatible avec la préservation des écosystèmes. Dans le système économique actuel – sans allocation universelle telle que définie par nous – les populations pauvres convergent vers les zones de concentration du capital (capitalisme). La contrepartie de l'exode rurale c'est l'uniformisation des paysages par des méga-entreprises (agricoles dans les campagnes, industrielles dans les villes), ainsi que l'évincement de l'artisanat et des productions locales. Notre AU inverserait le processus : ce ne sont plus les individus qui doivent se déplacer par concentration vers le capital, mais au contraire celui-ci qui est réparti vers les individus là où ils habitent. Ainsi en opérant une meilleure répartition géographique du capital l'AU participerait à éradiquer ces zones de sur-concentration, et les méga-entreprises qui tuent l'artisanat et la production locale.
Etant donné que l'AU (telle que nous la définissons au chapitre "Définition") aura pour effet de mieux répartir le temps libre entre les individus il en résultera nécessairement une diminution des maladies liées au stress professionnel. Cela permettra en outre de réduire d'autant la part des prélèvements fiscaux qui financent aujourd'hui les considérables dépenses de soins de santé induites par le stress professionnel [source1, source2, source3, source4].
Source : OCDE
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Une publication de François Jortay