XIV.4. Monnaies locales

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Màj : 30 oct. 2024  –   # pages : 4

Définition

Une monnaie locale est « une monnaie ayant cours localement » : (i) "le cours" étant légal ou libre ; (ii) "localement" signifiant "dans une partie seulement du territoire national" et/ou "au sein d'une partie seulement de la population nationale".

Les monnaies locales sont également appelées monnaies complémentaires (car elles ne visent pas à remplacer la monnaie nationale), coopératives ou associatives (car elles sont autogérées), ou encore citoyennes (car elles servent souvent à financer des activités non commerciales).

Fonctions

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L'existence même de projets de monnaies alternatives révèle que l'actuel système monétaire, contrairement à ce que postule la thèse de neutralité monétaire, ne répond pas à l'ensemble des besoins des agents économiques, soit que la masse monétaire en circulation est insuffisante, soit qu'elle est allouée de façon non optimale entre les agents économiques, ou les deux.

Les monnaies locales bénéficient d'un fort capital de sympathie et d'espoirs dans l'opinion publique. Elles sont perçues comme un moyen de contrer la délocalisation des grandes entreprises en favorisant les petits commerces locaux, ou encore de financer des activités non-commerciales à caractère social.

Limitations

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Combien parmi les monnaies privées (entendez "n'ayant pas cours légal") créées il y a plus de cinq ans existent encore aujourd'hui ?

C'est que la viabilité des monnaies locales n'est pas évidente, précisément lorsqu'elles ne bénéficient pas des caractéristiques qui suscitent la valeur d'usage de la monnaie nationale, notamment le rôle joué par l'État dans la lutte contre la contrefaçon monétaire, la possibilité de payer les impôts (ici locaux), ou encore le paiement de d'aides municipales en monnaie locale [approfondir].

Plus généralement, le coût et la difficulté d'assurer le fonctionnement efficace d'un système monétaire augmente avec le nombre de ses utilisateurs (support des utilisateurs, traitement des transactions, neutralisation des tentatives de fraude et sabotage, ...).

Il faut également prendre en compte une possible volonté de l'État – ou plus exactement du secteur bancaire au sens large (c-à-d y compris la Banque centrale) – de conserver le monopole de la monnaie, en imposant un éventuelle réglementation, telle que l'obligation de couvrir 100% de la monnaie locale par de la monnaie nationale (généralement à un cours paritaire : une unité de monnaie locale = une unité de monnaie nationale). Dans ce cas la monnaie locale n'est effectivement qu'un moyen de "forcer" un usage local de la monnaie nationale. Mais on peut se demander si cela fait sens : en quoi le fait de devoir payer avec une monnaie supplémentaire à la monnaie nationale encourage-t-il le "patriotisme économique local" chez celles et ceux qui ne sont pas déjà des patriotes économiques locaux ?

Lorsqu'on analyse la logique économique des projets de monnaies locales on en vient très souvent à la conclusion qu'ils reviennent à fournir de façon plus complexe un service déjà existant. On se rend alors compte que la spécificité essentielle des monnaies locales tient moins à leur nature en tant que monnaie particulière qu'à leur usage en tant qu'instrument de promotion du commerce local ou/et de revendication de partage du pouvoir économique. Dans le premier cas on peut vraiment se demander en quoi ce n'est pas qu'un gadget de marketing, ne fonctionnant qu'un temps, et auprès de personnes (certes nombreuses) qui ont une compréhension insuffisante voire erronée de la problématique monétaire (PS : les personnes souhaitant acquérir ces connaissances sont invitées à lire l'article "Principes monétaires").

Potentialités

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Ceci dit, le concept de monnaie locale suscite utilement la réflexion sur des approches innovantes, comme l'association de besoins insatisfaits à des ressources sous-utilisées. L'ancien directeur de Banque centrale Bernard Lietaer cite l'exemple de favelas jonchées de détritus, et reliées à la ville par un réseau de bus sous-utilisé. Le principe est alors de rétribuer en tickets de bus la collecte et le tris de détritus [source p. 173].

Cet exemple illustre un fait important : un bien qui à priori n'a pas été conçu pour servir de monnaie peut très bien acquérir le statut de valeur d'échange. Un système monétaire complémentaire n'implique donc pas nécessairement de créer une nouvelle monnaie : un moyen de paiement pour un bien/service particulier pourrait d'autant plus servir de monnaie que ce bien/service est consommé par un grand nombre de personnes (tickets de transport, tickets repas, ...), et que ce moyen de paiement est utilisable dans une large variété de conditions (temporelles, spatiales, ...).

Tout n'est donc pas dit. Ainsi le séduisant principe d'association de besoins insatisfaits à des ressources sous-utilisées pourrait conduire à reconcevoir, en les intriquant, les concepts de monnaie locale et d'économie planifiée. Ici les monnaies locales deviennent également publiques, et l'économie planifiée s'assouplit en économie "orientée".

Enfin le Saber, une proposition de monnaie à fonction éducative, suggère que le champs des applications envisageables est vaste.

Le cas de la monnaie basque, l'eusko, une des rares monnaies locales complémentaires (MLC) à avoir connu un certain succès, suggère que les ingrédients du succès d'une MLC sont [source] :

  • un soutien des collectivités (x% du salaire des employés communaux payé en MLC, possibilité de payer les impôts et des services communaux en MLC , ...) ;
  • gestion professionnelle de la MLC (c-à-d par des salariés) ;
  • un réseau important de fournisseurs locaux ;
  • esprit identitaire.

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Auteur : F. Jortay   |   Contact :   |   Suivre : infolettre

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