Le produit intérieur brut (PIB) est la production totale de biens & services finals moins la consommation de biens & services intermédiaires, c-à-d la somme des "valeurs ajoutées" :
PIB(VA) = recettes - coût des biens intermédiaires
Par "brut" on entend le fait que la dépréciation annuelle du capital (amortissements) n'est pas prise en compte.
Est prise en compte la VA :
L'État peut être considéré comme une "méta entreprise publique" qui vend certains de ses produits & services à des prix inférieurs à ceux du marché privé, et qui perçoit une partie de ses revenus sous la forme d'impôts perçus sur l'ensemble des agents économiques (entreprises privées, entreprises publiques, et ménage), pour redistribuer les richesses produites (notions d'agents "contributeurs vs bénéficiaires nets") et éventuellement financer tout ou partie de certaines entreprises publiques pures. On notera qu'il existe au sein des grandes entreprises composites le même type de relation qu'entre l'État "méta entreprises publique" et les entreprises publiques qui le composent.
Le tableau suivant montre que les entreprises produisent les 2/3 du PIB, le reste étant partagé en parts égales par l'État et les ménages.
PIB selon la VA (France, 2021)
Tableur comptabilite-nationale.odssource : INSEE.
Le poste "Entreprises" comprend des entreprises publiques. Mais celles-ci sont rares, et d'autant plus que nombre d'entre-elles ne sont pas pures (une partie du capital est détenu par des entreprises privées). Selon notre analyse, toute entreprise publique devrait être pure (100 % publique), car la mixité privilégie les actionnaires privés, par rapport au reste de la population (approfondir : democratiedirecte.net/entreprise-publique).
Outre l'approche production de VA, il y en a deux autres pour calculer le PIB :
Cette approche me pose problème au niveau logique car elle compare des emplois (C et I) à des destinations (X) et origines (M) étrangères. Comment dans ces conditions éviter les doubles comptabilisations ? Pour une critique approfondie de PIB(Dép.) voir /dette-publique#modele-comptabilite-nationale
Ces deux approches doivent donc nécessairement conduire au même résultat que celle par la somme des valeurs ajoutées.
Il y a également la relation suivante entre approches production et revenus :
les recettes de la ventes de biens & services sont utilisées pour payer les revenus des facteurs de production (travail et capital) et les biens intermédiaires :
recettes = revenus + coût des biens intermédiaires
or nous avons vu que :
PIB(VA) = recettes - coût des biens intermédiaires
⇒ en substituant les recettes :
PIB(VA) = revenus - coût des biens intermédiaires + coût des biens intermédiaires
de sorte que :
PIB(VA) = revenus
On obtient le revenu national brut en retirant le solde des flux de revenus primaires avec le reste du monde :
RNB = PIB - ( RM - Rx )
soit en France en 2021 :
2574 = 2500 + 74
Voyons le calcul du PIB par les dépenses (cf. tableau infra) :
PIB selon les dépenses (France, 2021)
Tableur comptabilite-nationale.odssource : INSEE.
Enfin le tableau suivant montre que le PIB est le fait, quasiment à parité, des facteurs de production travail (L) et capital (K).
PIB selon les revenus (France, 2021)
Tableur comptabilite-nationale.ods, source : INSEE.
En résumé :
PIB(VA) | = | VA(Ent.) | + | VA(Adm.) | + | VA(Mén.) |
---|---|---|---|---|---|---|
70 | 15 | 15 | ||||
PIB(Dep.) | = | C | + | I | + | ( X - M ) |
77 | 25 | -2 | ||||
PIB(Rev.) | = | R(L) | + | R(K) | ||
50 | 50 |
Une comptabilité nationale "tordue" et anti-sociale ?
Les tableaux ci-dessus sont une présentation simplifiée des données sources (INSEE).
Cette simplification permet de contourner la présentation habituelle des manuels d'économies et des agences nationales de statistique, qui ont pour habitude de traiter statistiquement le secteur public de façon scandaleusement biaisée dans le sens d'une analyse anti-étatique, comme suit :
Voici en quoi ce tour de passe-passe comptable consiste :
Ces impôts sont retirés des postes VA(ent.) et R(K).
On pourrait à priori se rassurer par le fait que les trois approches livrent des résultats quasiment identiques. Mais c'est là oublier que la comptabilité n'a pas la rigueur des mathématiques, car elle permet, par des artifices comptables, d'obtenir presque n'importe quel résultat souhaité. Ainsi il suffit de déterminer l'une des trois approches comme étant "la meilleure", puis de définir le contenu des deux autres de sorte que leur contenu total est identique avec l'approche de référence.
Voilà qui illustre parfaitement la différence entre sciences exactes (mathématique, physique, biologie) et sciences humaines (économie, sociologie, droit, histoire, ...).
Ainsi cette présentation biaisée est utilisée pour produire les interprétations idéologiques (et erronées) suivantes :
Or toutes ces interprétations sont fausses, car l'État ne brûle pas ses recettes fiscales, et les dépenses qu'elles financent ne sont pas non nécessairement inutiles :
Approfondir : /production#production-publique
Pour obtenir le revenu national brut, on ajoute au PIB le solde net des revenus primaire avec le reste du monde (ligne 15 du tableau infra). La différence est minime de sorte que PIB et RNB sont généralement considérés comme équivalents.
À partir du revenu national brut on obtient le revenu disponible national en retirant les prélèvements obligatoires (impôts, taxes et cotisations : 44 % du PIB) et en ajoutant les transferts de sécurité sociale (27 % du PIB). Le revenu disponible représente donc 100-44+27 = 83 % du revenu national, les 17 % de différence étant consacrés aux services publics (éducation, santé, routes, justice, police, ...). Autrement dit, en arrondissant fortement, environ la moitié du revenu national est capté par l'État via la fiscalité, qui en utilise la moitié pour les transferts (redistribution), et l'autre moitié pour les services publics.
Du PIB au revenu disponible national (France, 2021)
Tableur comptabilite-nationale.ods ; source : INSEE
Le tableau ci-dessus concerne la notion macro-économique de revenu national. Le tableau suivant présente le revenu primaire (c-à-d avant prélèvements obligatoires) des seuls ménages. Il est composé au 3/4 de revenus du travail, et pour 1/4 de revenus du capital. Ces derniers sont composés pour 3/4 de revenus du capital non financier.
Répartition des revenus des ménages (France, 2019)
Tableur patrimoine-revenus.ods ; source : insee.fr
N.B. La particularité du capital financier est que, étant très mobile, il échappe facilement aux prélèvements obligatoires (échappement fiscal, dont fraude fiscale, grâce aux conseils d'experts financiers) ...
Les économistes entendent habituellement par "ménage", le nombre de personnes partageant un même toit [source]. En France (2019), 37 % des ménages sont constitués d'une seule personne, 33 % de deux personnes, et 30 % de plus de trois personnes [source]. Quant à la taille moyenne, elle était de 2,19 personnes/mén. en 2019 [source].
Niveau de vie. Pour calculer le niveau de vie d'un ménage (ou plus exactement "de chaque membre d'un ménage"), on divise le revenu disponible du ménage, non pas par le nombre de personnes entre lesquels ce revenu est partagé, mais, de façon plus précise, par le nombre d'unités de consommation (UC) que représentent l'ensemble des membres d'un ménage.
L'UC d'un ménage est calculée comme suit [source] :
On peut ainsi, au niveau macroéconomique, calculer comme suit l'UC moyenne des enfants sur la durée de vie d'enfant (soit 18 ans) : UC(E) = 14 / 18 * 0,3 + 4 / 18 * 0,5 ≈ 0,34 UC.
On peut alors formuler la taille moyenne des ménages en UC, en pondérant en fonction des parts respectives des adults et des enfants dans la population :
soit :
• T(M) : taille moyenne des ménages (en nombre de personnes)
• UC(A+) : UC des adultes autres que le premier (indice "1 barré")
• P(A) / P : part des adultes dans la population
• P(E) / P : part des enfants dans la population
alors :
UC(M) = 1 + ( T(M) * P(A) / P - 1 ) * UC(A+) + T(M) * P(E) / P * UC(E)
La valeur de 2018 selon l'INSEE est de 1,52 (1,525 pour la médiane) [source]. L'OCDE utilise un système nettement plus simple pour évaluer le nombre d'UC d'un ménage : la racine carrée du nombre de personnes du ménage quel que soit leur âge, soit en l'occurrence √(2,19)=1,48.
Les quelques exemple présentés dans le tableau suivant vous permettent de juger de la pertinence de cette façon de calculer le niveau de vie (comparez les situations familiales décrites dans les colonnes B à D, avec leur classement décroissant dans la colonne G) :
Tableur menage.ods
Le tableau suivant synthétise les étapes menant du revenu brut au niveau de vie.
Terme | Définition | Remarque |
---|---|---|
Revenu brut/primaire | Yb | Comprend revenus du travail (salaire) et du capital (loyer, dividendes, intérêts, héritage, ...). |
Revenu disponible | Yd = Yb - PO + SS |
• PO : prélèvements obligatoires sur les revenus ; SS : aides sociales financières.
• Notion de "contributeur net vs bénéficiaire net. |
Niveau de vie | Yd / UC | Notion de ménage. |
Le revenu disponible médian était de 31.620/12≈2.650 euros/mois pour un ménage moyen en 2018 [source], ce qui correspond à un niveau vie médian de : 2.650 / 1,525 ≈ 1.750 euros/mois.
Selon le même Insee, le niveau de vie médian serait d'environ 1.850 euros/mois en 2019 [source]. Comment expliquer cette différence ? Dans un autre document l'Insee nous dit que « en 2019, selon l’enquête Revenus fiscaux et sociaux sources, le niveau de vie annuel médian des personnes vivant dans un ménage de France métropolitaine est de 22 040 euros, soit 1 837 euros par mois. Ce montant (...) correspond à un revenu disponible de 1 837 euros par mois pour une personne seule et de 3 857 euros par mois pour un couple avec deux enfants de moins de 14 ans » [source]. Il s'agirait donc d'une démarche inverse à la précédente : on estime, par enquête, le niveau de vie de chaque personne d'un ménage moyen, puis on en déduit que pour obtenir ce niveau de vie, un ménage composé d'un couple avec deux enfants de moins de 14 ans doit disposer d'un revenu disponible de 1837 * ( 1 + 0,5 + 2 * 0,3 ) = 3857 euros/mois.
Si le PIB et le revenu national sont des flux, le patrimoine national (la richesse) est quant à lui un stock. Le ratio PIB / patrimoine national est donc le rendement macroéconomique du capital.
En France :
Par conséquent :
On constate alors que les espérances de taux de profits jusqu'à 15 % voire 20 % – habituelles dans les milieux financiers – ne peuvent être satisfaites que par de la prédation sur le reste de l'économie.
Le tableau suivant synthétise la répartition du patrimoine national. Les valeurs sont exprimées en % du patrimoine national (cellule B7).
Répartition du patrimoine national (France, 2021)
Tableur patrimoine-revenus.ods ; source : insee.fr
Informations importantes que révèle ce tableau :
ligne 7 : les personnes physiques que sont les "ménages" détiennent 77 % du patrimoine national ;
NB : les personnes morales que sont les entreprises et l'État sont in fine propriétés – publique ou privée – de personnes physiques.
la ligne 6 illustre la thèse selon laquelle les personnes physiques ("ménages") sont facteurs/agents de production, tandis que les personnes morales (entreprises et État) sont des moyens/objets de production.
cellule B3 : le patrimoine national est constitué à 80 % d'immobilier ;
ligne 4 : la part de l'État dans le patrimoine logement est étonnamment faible (E4)...
Pour financer ses dépenses l'État dispose de quatre moyens complémentaires : impôts, création monétaire, emprunts, dividendes des entreprises publiques :
les prélèvements obligatoires :
le facteur de production "travail" (70%) et le moyen de production "capital" (30%) (Q = f ( L , K )) ;
les personnes physiques (individus) et les personnes morales (organisations).
La politique fiscale est souvent amenée à opérer un arbitrage entre prélever à taux bas sur des assiettes larges vs prélever à taux élevés sur des assiettes étroites.
la création de monnaie, mais uniquement pour financer des dépenses d'investissement en capacités de production (plutôt que des dépenses de consommation), sinon il y a effet inflationniste ;
des emprunts :
N.B. Il s'agit donc de création monétaire ⇒ doit financer uniquement des investissements en capacités de production, sinon il y a effet inflationniste.
les dividendes des entreprises publiques ;
Selon des sources patronales les dividendes représenteraient entre 5% et 9 % du PIB [source], mais 15 à 20% selon les estimations de Bernard Friot [source]. Mais comment Friot justifie-t-il son évaluation alors que le rendement macroéconomique du capital est de 7 % ? (cf. #patrimoine].
Le tableau ci-dessous montre que les prélèvements obligatoires représentent 44 % du PIB (colonne F). En particulier, l'impôt sur le bénéfice des sociétés ne représente que 3/44=7 % des prélèvements obligatoires, contre 10/44=23 % pour l'impôt sur les revenu des ménages. D'autre part, la répartition des prélèvements selon l'assiette (capital vs travail) montre que le travail contribue aux prélèvements obligatoires plus de deux fois plus que le capital (colonnes H et J). Enfin, la cellule F13 illustre le fait que l'État s'implique très peu dans les activités productives (trop peu ?).
Composition des recettes publiques (France, 2021)
Tableur comptabilite-nationale.ods > feuille Adm. ; source : INSEE
Bernard Friot souligne que les cotisations sont du "salaire socialisé" (ponctionnés sur la valeur ajoutée), et de la "monnaie marquée" c-à-d destinée à une usage spécifique (notamment des soins de santé prestés par des médecins conventionnés).
Les prélèvements obligatoires sur le capital des ménages ponctionnent :
Juste équilibre entre libéralisme et socialisme
Un optimum de Pareto est une allocation des ressources sans alternative, c'est-à-dire que tous les agents économiques sont dans une situation telle qu'il est impossible d'améliorer le sort de l'un d'entre eux sans réduire la satisfaction d'un autre [source].
Voir aussi : /thermodynamique#equilibre.
La distinction dichotomique entre libéralisme et socialisme est une simplification d'une réalité économique plus complexe, caractérisée par un continuum dans lequel s'inscrit un équilibre optimal entre deux objectifs complémentaires mais antagonistes :
d'une part, les dépenses privées sont jugées optimales par nature – pour les personnes qui les financent par leurs revenus – dès lors qu'elles sont réalisées librement ;
Cette thèse suppose cependant la rationalité des agents économiques, or la psychologie expérimentale montre que ceux-ci ne le sont pas systématiquement, notamment en raison de biais cognitifs liés à des interférences émotionnelles et des déficits informationnels (cf. notamment les travaux de Daniel Kahneman et Amos Tversky : source).
d'autre part, il y a des dépenses nécessaires pour la collectivité, qui ne sont pas opérées par l'auto-organisation des marchés libres, de sorte que ces dépenses doivent être financées par prélèvements obligatoires par le pouvoir public.
Une condition nécessaire de l'optimalité des dépenses publiques est la neutralisation effective du risque de corruption des décideurs politiques, neutralisation probablement maximale en régime de démocratie directe.
Cet équilibre optimal entre pôles privé et public est déterminé par des principes économiques objectifs, ainsi que par des considérations politiques subjectives (notamment culturelles).
Le tableau suivant présente la répartition des dépenses publiques (en France et dans la zone euro, en 2021), dont celle de sécurité sociale. Les données sont exprimées en % du PIB.
Tableur + sources : INSEE, Eurostat, Fipeco
On notera qu'en France, l'ensemble constitué par les postes "dépenses de chômage", "exclusion sociale" et "aides au logement" ne représente que 15 % des dépenses de SS, 8 % des dépenses publiques, et 3,7 % du PIB.
Entre 2017 et 2021, les dépenses publiques dans la zone euro sont passées de 47 % à 51 % du PIB, principalement en raison de l'augmentation du poste "affaires économiques" (essentiellement constitué des postes "subsides" et "transports").
Auteur : F. Jortay | Contact : | Suivre : infolettre