L'allocation universelle de notre modèle synthétique est une somme d'argent :
Dans les sections suivantes, nous allons préciser les principes essentiels de cette définition.
Par "inconditionnelle" on entend que l'AU est octroyée :
L'AU étant individuelle, elle avantage ceux qui vivent à plusieurs dans la mesure où la cohabitation induit des économies d'échelle (notamment en ce qui concerne le loyer).
Le montant de notre allocation universelle du "modèle synthétique" est de 1250 euros/mois par adulte ⇒ 1250 / 3 ≈ 400 par enfant (France, 2023, sur base des statistiques disponibles de 2021).
On éradique ainsi la pauvreté, définie officiellement comme un niveau de vie inférieur à 60 % du niveau de vie médian. Le Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale (CNLE) estime cependant à 90 % du niveau de vie médian le budget nécessaire « pour une participation effective à la vie sociale » [source]. L'AU du modèle synthétique à 1250 euros/mois correspond à 65 % du niveau de vie médian.
Il s'agit d'un montant minimum, en ce sens que – étant donné les réformes fiscales et monétaires apportées d'autre part par notre modèle – ce montant est tel que son besoin de financement est nul! Autrement dit, l'éventuel choix d'un montant supérieur exigerait d'augmenter encore la fiscalité, et/ou de réduire des dépenses publiques (non dépenses de SS, sauf probablement certaines dépenses abusives de "santé").
Réforme fiscale
La réforme fiscale de notre modèle synthétique se résume en deux mots : simplification et redistribution. Elle consiste à remplacer la complexe fiscalité des revenus des ménages (taux marginaux, cotisations sociales, ...) par un système d'imposition global tel que le taux des prélèvements obligatoires passe de 44 % à 52 % du PIB (France, 2023).
Prélèvements obligatoires : Cotisations sociales, Impôts consommation, Impôts revenu ménages, Impôts bénéfices sociétés, Impôts production.
Concernant les ménages et indépendants, le taux moyen
( impôts sur les revenus + cotisations sociales ) / revenus primaires
passe de 40 % [Insee, 2021] à 50 % revenu primaire national.
Approfondir sur la réforme fiscale du modèle synthétique : /financement-synthese#redistributif
À cet égard, notre modèle permet de calculer le pourcentage de la population qui est bénéficiaire net du système (ce qui est évidemment déterminant pour la réalisation politique de l'AU). Avec le montant minimum de notre AU, ce pourcentage en d'environ 50 %. Plus on augmente le montant de l'AU, plus ce pourcentage augmente, ... mais aussi le risque de dépasser la limite au-delà de laquelle la baisse de l'offre de travail rend impossible la réalisation de l'AU.
Ce modèle permet également de calculer le besoin de financement (BF) de n'importe quel niveau d'AU. Celui-ci est exprimé en % du PIB. Par exemple, le BF d'une AU égale à la moitié du PIB/hab (soit environ 1.600 euros/mois) serait de 8 % du PIB (après réforme monétaire et fiscale). Ces huit points de % devraient être répartis entre hausse du taux fiscal au-delà de l'actuel 44 % du PIB, et baisse de dépenses publiques existantes (en % du PIB). Un exemple de dépenses pouvant être réduites sont les dépenses abusives de santé, promues par le lobby médical.
À priori, on pourrait penser qu'un montant de 1250 euros/mois pour remplacer toutes les aides de SS (sauf celles de santé) constituerait une régression sociale. Il faut cependant prendre en compte l'ensemble de la durée de vie d'un individu dans le nouveau système. Dans ce nouveau paradigme, chacun reçoit ce montant dès l'âge de 19 ans, jusqu'à la fin de ses jours, et de façon inconditionnelle, de sorte que l'on peut travailler contre rémunération sans que le droit à tout ou même partie de l'AU soit retiré (contrairement aux actuelles aides au revenu). Autrement dit, cette AU stimulera l'épargne ...
Le problème de la transition entre le système actuel et le nouveau pourrait certes léser les plus anciens. Mais ce problème étant temporaire, des solutions temporaires sont possibles (cf. /implementation)
L'AU remplace intégralement une série d'aides compatibles avec un montant forfaitaire :
La substitution des allocations familiales est intégrée à notre modèle mathématique en considérant que l'AU enfant vaut 1/3 de l'AU adulte (approfondir : /financement-redistributif#modele-presentation). Cependant notre modèle permet également de modéliser le coût de l'AU en considérant que celle-ci ne remplace pas l'actuel système d'allocations familiales. Il y a ici une arbitrage à faire entre d'une part la simplicité du principe d'AU et d'autre part le système actuel d'allocations familiales, dont la complexité est peut-être le prix à payer pour un système qui s'adapte à des situations différentes (nombre et âge des enfants, parents séparés, ...) à des fins de justice sociale optimale. C'est une problématique qui est plus complexe qu'il n'y paraît à première vue.
Enfin l'AU ne se substitue pas à :
la prise en charge des soins de santé par l'État (maladies, invalidités, handicaps, ...), car ces dépenses – qui sont très inégalement réparties dans la population – peuvent être individuellement très élevées.
Caisse nationale de l’assurance maladie des travailleurs salariés : « Il nous est difficile de réfléchir a priori sur les niveaux de revenus susceptibles de couvrir le risque maladie ; ce risque, quand il survient, peut être tellement coûteux qu’aucun assuré ne serait en mesure d’en assumer la charge, même si un revenu lui était distribué chaque mois et quand bien même il aurait eu la prudence "d’épargner" des journées d’hospitalisation, les traitements des affections de longue durée étant, du fait de leur coût, hors de portée de la plupart des assurés. (...) Quel niveau de reste à charge juge-t-on acceptable de laisser à une personne ? Ces réflexions récurrentes, qui n’ont pas encore abouti, portent sur la question de savoir s’il doit subsister des forfaits de reste à charge universels ou si ce reste à charge doit être modulé en fonction des revenus des personnes » [source p. 381].
au développement d'un parc de logements sociaux, propriétés de l'État.
L'instauration de l'AU du modèle synthétique va cependant influencer la façon dont est pensée la politique de santé et celle du logement social.
L'AU ne se substitue pas aux dépenses de santé et de logements sociaux. Cependant, l'instauration de l'AU du modèle synthétique va évidemment influencer la façon dont est pensée la politique de santé et celle du logement social. Dans les section suivantes nous allons énoncer une série de principes à appliquer afin que l'instauration de l'AU se traduise par une plus grande efficacité de ces deux politiques publiques, par rapport à la situation actuelle.
Les dépenses de santé ne sont pas remplacées par notre allocation universelle, car elles sont très inégalement réparties dans la population, et peuvent être individuellement très élevées.
Pour minimiser (ii) le renoncement aux soins pour cause de pauvreté, et (ii) les effets anti-redistributifs du système de santé, une voie consiste à répartir les responsabilités entre secteurs public et privé selon le niveau de revenu :
secteur public pour les revenus faibles : chacun de ces ménages ne devrait pas payer plus de 5 % de ses revenus pour ses dépenses de santé (principe du "bouclier sanitaire", avec remboursement à 100 % au delà des 5 %) ;
Ce faisant, fusionner le système informatique de l'administration fiscale avec celui de l'administration sociale.
assurance privées pour les revenus élevés, y compris pour les soins de longue durée (PS : rappelons que les revenus élevés bénéficieraient également de l'AU ⇒ il est normal que l'État n'interviennent pas dans le leurs soins de longue durée).
D'autre part, pour minimiser les dépenses publiques de santé, l'État peut agir très efficacement, et à coût relativement modérés, en appliquant les mesures suivantes :
Le plus gros challenge des entreprises paysannes, ce n'est pas la production mais la distribution.
Un cas célèbre de repositionnement est celui de la Clofazimine, à l'origine conçu pour soigner la lèpre, et qui s'est avéré également efficace contre la tuberculose [source].
Repositionnement de médicaments
On entend par "repositionnement" l'utilisation d'un médicament déjà approuvé dans le traitement d'une maladie, afin de traiter une maladie totalement différente.
L'avantage du repositionnement c'est que ces médicaments sont déjà agréés, donc immédiatement disponibles. En outre leurs effets secondaires, posologie et interactions sont connues.
L'efficacité de certains médicaments non spécifiques peut s'expliquer par au moins trois causes :
une molécule (naturelle ou pas) peut avoir plusieurs fonctions thérapeutiques, et rien ne garantit qu'elles sont toutes connues ;
les mutations sont toujours partielles (et la plupart du temps mineures), de sorte qu'un agent pathogène (virus, bactérie, ...) "nouveau" n'est jamais totalement "inconnu" ⇔ la notion de familles de virus, qui est telle qu'un médicament créé spécifiquement pour un pathogène peut être efficace pour d'autres pathogènes de la même famille ;
des traitements symptomatiques – donc éventuellement au moyen de médicaments non spécifiques à la cause des symptômes – peuvent réduire substantiellement le taux de mortalité.
La R&D en matière de repositionnement peut être faite sur deux axes :
par les médecins traitants dans la mesure où la frontière entre traitements spécifiques et repositionnés consiste en une zone floue de "presque expérimentations" adaptée à des cas particuliers (PS : médecins de ville comme hospitaliers, tous sont en voie de connexion sur un réseau informatique commun, ce qui permet un analyse centralisée des résultats) ;
par le recherche scientifique pure, notamment par de nouvelles techniques telles que le criblage à haut débit (notamment par la technique de bio-impédance).
Comme le rappelle justement Didier Raoult, contrairement aux technologies, les propriétés thérapeutiques d'une molécule ne sont pas sujettes à l'obsolescence. Il importe également de mettre sur pieds un modèle économique spécifique au repositionnement. On notera à cet égard que l’augmentation du nombre de brevets déposés ces dernières années s’explique en partie par le repositionnement de médicaments et cache en réalité une baisse du nombre de nouvelles molécules commercialisées [source p. 36].
L’investissement dans la création de logements sociaux peut générer de vastes retombées économiques le long de la chaîne logistique, car la plupart des projets ont un volume fiscal et une intensité d’emploi souvent élevés, et sont plutôt à long terme [source]. D'autre part, il a été montré qu'un immeuble de logements sociaux peut être remboursé par les loyers en dix-sept ans [source]. Le secteur privé l'a bien compris (exemple). C'est pourquoi il importe que les États arrêtent de céder à des intérêts privés (privatisation) ces activités rentables pour la collectivité, et s'engagent dans la création d'entreprises (100%) publiques dans le secteur du logement. .
La rente locative d'un logement privé serait de 47 % du loyer, après déduction des impôts (25 %), frais d'entretiens (22 %) et assurances (6 %). Soulignons d'autre part que la majorité des logements sont la propriété non pas de fonds d'investissements, mais de ménages de la moyenne bourgeoisie [source].
À l'instar des dépenses de santé, les dépenses de logement ne sont pas supposées être couvertes par l'AU du modèle synthétique. Dans un système fondé sur cette AU d'un montant relativement élevé (environ 1250 euros/mois, en France en 2023), le système de logement social serait évidemment adapté, et repose sur les cinq principes suivants :
le montant du loyer social est fixé à ( 1 + x / 3 ) * AU / 3 où x est le nombre d'enfants à charge du ménage, soit environ 700 euros/mois pour un ménage avec un ou deux enfants à charge, ou encore environ 400 euros/mois pour une personne seule (France, 2023).
Le logement fourni par l'État pour ce loyer social "version AU" comprend 2 chambres si 1 ou 2 enfants, 3 chambres si plus de deux enfants.
le parc public de logements devrait être intégralement consacré au logement social locatif, celui-ci étant réservé aux seuls ménages n'ayant pas d'autres revenus que l'AU.
La vérification de l'éligibilité pourra être automatisée par l'intégration d'un système informatique commun pour les administrations fiscale et sociale.
le loyer social est automatiquement prélevé par l'État sur le compte bancaire de la banque publique sur lequel l'État verse l'AU à tout citoyen (NB : la lourde problématique des arriérés de loyer est ainsi éradiquée).
les infractions aux obligations d'entretien du logement par le locataire sont sanctionnées par des peines de service civil, et à des peines de prison en cas de non prestation du service civil ;
AU et service civil : /faisabilite#service-civil.
l'État doit contrôler efficacement la construction & rénovation des logements, en disposant d'entreprises publiques dans ce secteur.
Conditions nécessaires pour réaliser ces objectifs :
abandonner les partenariats public-privé (PPP), et minimiser les délégations de service public (DSP) car ceux-ci se font généralement au détriment du secteur public (cf. democratiedirecte.net/entreprise-publique).
Ainsi par "logement social", nous entendons "logement public social" et même plus spécifiquement "logement locatif public social".
l'État n'a pas à aider des ménages ou des entreprises à acquérir des biens fonciers (terrains, immeubles). Tout ou plus, devrait-il simplifier l’obtention d’un permis de construire via des contrats intelligents.
« Certains territoires ont besoin de logements intermédiaires en raison de l'écart de loyer entre le parc social et le parc privé, en veillant à préserver un espace pour l'accession. En revanche, on ne peut pas régler la question du logement social par le logement intermédiaire. Seuls 3 % des demandeurs, au maximum, ont des revenus compatibles avec les loyers des logements intermédiaires » [source].
l'État doit préserver une autonomie foncière publique qui soit suffisante relativement aux besoins présents et à venir en matière de logements sociaux, de sorte que les plus values foncières ne peuvent être qu'au bénéfice de la collectivité ;
le droit à un logement pour tous doit primer sur un éventuel plan de "zéro artificialisation nette", d'autant que la zan sera automatiquement induite par l'augmentation du niveau de vie, qui se traduit historiquement par une baisse de la natalité. Le même principe de primauté concerne les DPE (BPE en Belgique), qu'il faut certes encourager, mais pas au détriment du droit au logement.
Le logement ne représente que 6 % de l’empreinte carbone de la France. La réglementation a été conçue au niveau européen avec des pays dans lesquels le logement représente entre 15 % et 20 % de leur empreinte carbone, notamment les pays qui ne sont pas chauffés avec de l’électricité d’origine nucléaire [source]. Lire aussi notre critique du modèle CO2.
la qualité (architecturale, urbanistique et environnementale) du logement social ne doit pas être inférieure au niveau en-dessous duquel son potentiel de plus-value foncière serait oblitéré (cf. les HLM dont la valeur est très faible dès leur construction, puis ne fait que baisser). Le bon sens suggère la création d'ensembles résidentiels sociaux de taille moyenne, répartis uniformément au sein des zones urbaines et entre elles. Enfin il importe de stimuler les technologies combinant isolation thermique et sonore.
l'allocation logement ayant tendance à être absorbée par un renchérissement du loyer, elle devrait être accompagnée d'une régulation des loyers, et/ou ne constituer qu'une mesure marginale, fonctionnant comme tampon lorsque la demande de logements sociaux est inférieure à l'offre.
Non, être propriétaire de son logement n'est pas nécessairement pertinent !
L'intérêt du très influent secteur bancaire est que les ménages préfèrent la propriété plutôt que la location de leur habitation (surtout la location de logements publics). La raison en est que, pour "accéder à la propriété" (expression consacrée), la plupart des ménages doivent emprunter auprès d'une banque. Ce produit financier qu'est le prêt a pour particularité que s'il n'a pas été remboursé (principal) et payé (intérêts) à l'échéance, alors la banque prêteuse devient propriétaire du logement acquis avec le prêt (saisie immobilière).
Les publicités bancaires propagent ainsi l'affirmation fausse selon laquelle, pour les ménages, la propriété serait plus rationnelle que la location de l'habitation. Pour convaincre, les prospectus bancaires ne valorisent pas de nombreux coûts, dont notamment :
Or de nombreuses études montrent que, si l'on prend en compte l'intégralité des coûts, la propriété n'est pas nécessairement plus rationnelle que la location de son logement [source].
Mon intuition est que la part de la propriété publique dans le parc de logements ne devrait jamais être inférieure à 50 %.
La propagande bancaire est tellement puissante qu'elle nous a conduit à intérioriser son vocabulaire. Ainsi nous avons "réussi à obtenir" un prêt que la banque nous a "accordé", alors qu'il s'agit d'un produit commercial comme un autre, vendu par un producteur (la banque) à un acheteur (l'emprunteur). Vous viendrait-il à l'idée de dire que vous avez "obtenu" une voiture auprès de votre concessionnaire, qui vous l'aurait "accordée" ?!
Pour une description relativement détaillée de l'actuel système de sécurité sociale voir notre article "Sécurité sociale actuelle".
Commençons par les caractéristiques majeures du système actuel :
Un individu qui perd son emploi a droit à une allocation de chômage pendant une période limitée (ou illimitée, dans les pays les plus avancés en matière de SS) au terme de laquelle il bénéficie de la garantie, illimitée dans le temps, à un revenu minimum garanti (RMG) d'un montant inférieur, représentant environ 80% du seuil de pauvreté (dans les pays les plus avancés en matière de SS).
À chaque fois (chômage et RMG), le bénéficiaire doit :
En raison de la complexité de ces procédures et/ou d'un sentiment de honte, un nombre important d'ayants droit n'exercent pas leur droit au chômage/RMG (de 30% à 50% selon les estimations). En outre le traitement administratif de ces procédures implique un coût important pour l'État. Enfin il n'est pas difficile de simuler une disposition à travailler, de sorte que les procédures de contrôle ne peuvent être autre chose que des actes d'humiliation frappant aussi bien des coupables que des innocents ...
Dans le système avec AU, tout est (beaucoup) plus simple : tous les citoyens, y compris les indépendants et les démissionnaires, bénéficient inconditionnellement d'une AU, permettant de vivre (chichement) sans devoir travailler. En outre, chaque citoyen peut librement exercer une activité rémunératrice malgré qu'il bénéficie de l'AU ! On passe ainsi d'une logique, réactive et exclusive, d'aide à la consommation (notamment de nourriture et de logement) à une logique, proactive et inclusive, d'aide à l'entreprenariat.
Auteur : F. Jortay | Contact : | Suivre : infolettre